Le pays régordan
de Pradelles en Haute-Loire à Portes dans le Gard
le CHEMIN de REGORDANE
L'origine de cet important axe de
communication entre le Midi et le
Centre de la France est très controversée. Certains auteurs font remonter sa
création à l'occupation romaine (premiers siècles de notre ère). D'autres
penchent pour une ancienneté plus grande : une voie antique, déjà utilisée par
les Celtes, aurait été restaurée sous le règne de l'empereur romain Gordianus
(Gordien, IIIème siècle de notre ère). Cette seconde explication semble bien
plus vraisemblable, les Romains s'étant le plus souvent contentés de restaurer
ou d'aménager les voies existantes des territoires conquis plutôt que d'en
créer de nouvelles.
Plusieurs documents datant du Moyen-Age et
conservés aux Archives de la Lozère, à Mende, mentionnent cette voie sous
diverses appellations : Regordana, Ricordana, Regourdane, Ricordane... Ces
textes nous donnent des renseignements précieux sur son tracé:
Partant de Saint-Gilles dans le Gard, cette
voie passe à Nîmes (au pied de la Tour Magne), puis à Alès, Portes,
Chamborigaud, Génolhac, Vielvic, le Collet de Dèze, Villefort (anciennement
Montfort), La Garde-Guérin (village médiéval), Le Raschas, où elle franchit le
Chassezac, l'hôtellerie solitaire de la Molette, Le Thort,.(signalons au
passage l'éthymologie probable du Thort, encore écrit Thord ou Thor : d'après
Flutre, "Les éléments pre-gaulois
dans la toponymie lozérienne", ce nom viendrait du pré-gaulois
"tauru », montagne (arrondie), ce qui correspond parfaitement à la situation
géographique de ce lieu. L'allusion à
la divinité scandinave Thor est donc erronée), La Bastide, Rogleton, Laveyrune,
Pranlac, ou elle franchit l'Allier, traverse le village de Luc, se dirige vers Langogne, Le Cheylaret, passe à
proximité du Mont Milan (le fameux camp
de césar" ; restes d'oppidum romain), Naussac, pour se diriger ensuite
vers Brioude et Clermont-Ferrand. Il faut signaler ici le problème, non encore
résolu, du tracé de cette voie entre Luc et Langogne : selon les avis, elle
passait par Lembrandès, le Cellier-du-Luc, Le Plagnal (?), Concoules, pour
redescendre ensuite sur Langogne, ou bien emprunte la vallée de l'Allier. Il
faut noter aussi un embranchement qui prend naissance au Thort et, de là,
s'infléchit vers la forêt de Mercoire, par Chabalier et les Plantades, pour se
dévier ensuite vers l'est et passer au pied du Lauradou (actuellement plateau
boisé traversé par la route qui va de Luc à Espradels), rejoignant Langogne par
Le Choisinet.
Après des siècles d'utilisation continue, cette
voie finit par se dégrader (par manque d'entretien) au point de devenir
inutilisable. En 1668, une première tentative de restauration (pour des raisons économiques projet de
création de manufactures au Puy, sous Colbert) échoua, vu l'état d'abandon de
la voie, dangereuse même en plusieurs endroits. Une nouvelle tentative, à la
fin du dix-septième siècle, fut finalement menée à bien par Lamoignon de
Basville, intendant du Languedoc, qui restaura la voirie cévenole dans sa lutte
contre les Camisards.
De nos jours, la route départementale 906
d'Alès à Langogne emprunte en grande partie le tracé de cette antique voie.
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