Maurice ANDRE
Maurice ANDRE
1933-2012
trompettiste
français
Professeur de
trompette au conservatoire national supérieur de musique de Paris où il a introduit l'enseignement de la trompette piccolo notamment pour le répertoire baroque.
Inspirateur de
nombreuses innovations de l'instrument, sa grande maîtrise technique et son
profond sens artistique ont contribué pendant cinquante ans à populariser la
trompette dans le monde entier.
Maurice André a
joué et enregistré les grands concertos du répertoire avec les plus illustres
chefs d'orchestre de son époque.
Maurice André nait le 21 mai 1933, à Alès dans le Gard. Il est issu d'une famille
de mineurs.
En 1944, il
commence par apprendre le solfège durant deux années avant même de pouvoir
toucher à son premier cornet, cadeau de prix, pour un père d'origine modeste.
Il descend à la mine de 14 à 18 ans,
tout en commençant à étudier la trompette, avec comme
premier professeur son père, Marcel-Jean André, grand amoureux de musique
classique.
Son frère
Raymond est également trompettiste et ils feront quelques concerts et
enregistrements ensemble notamment le concerto pour deux trompettes de Vivaldi.
Ensuite, c'est
Léon Barthélémy, secrétaire-comptable aux abattoirs d'Alès et ancien élève de
trompette de Merri Franquin, qui dirigera le jeune Maurice dans
ses premières études musicales.
Au conservatoire de
Paris, où il entre en 1951, après s'être
engagé comme trompettiste dans le 8e régiment de transmissions, il est l’élève
de Raymond Sabarich et obtient un premier prix d'honneur de cornet en 1952 et un premier
prix de trompette l'année suivante (le 9 juillet 1953).
Il entre dans l'orchestre symphonique de la société des
conservatoires aux côtés de Louis Menardi. Rapidement, il s’impose comme la figure marquante d’une
génération de trompettistes français : il est trompette solo aux concerts
de l'orchestre Lamoureux (1953-1960), à l'orchestre philharmonique de l'ORTF (1953-1963) et à l'Opéra-Comique (1962-1967).
À l'automne
1953, il enregistre chez Erato son premier disque
avec l'orchestre Jean-François
Paillard où figurent des
compositeurs italiens.
Il joue
également au cirque Médrano, au théâtre Mogador… et réalise en
même temps de nombreux enregistrements studio avec, notamment, Henri Salvador et Charles Trenet (trompette bouchée dans la chanson Nationale 7 en 1955).
En 1955, il obtient le premier prix du concours international d'exécution musicale de Genève. Il joue
en soliste et sa
carrière prend un essor international après le premier prix qu’il remporte au
concours international de musique de l'ARD Munich en 1963. À noter qu'on l'avait d'abord sollicité
pour faire partie du jury mais qu'il a préféré participer en tant que candidat
n'ayant jamais tenté ce concours auparavant (il raconte lui même que le lauréat
étant mieux rémunéré qu'un membre du jury, le choix était vite fait !2). Après le succès de ces deux
concours, il sera invité par les plus grands chefs d'orchestre en tant que soliste.
Il enchaîne
concerts après concerts et illumine l'auditoire dans l'interprétation
redoutable du 2e concerto
brandebourgeois de Bach qu'il passe avec aisance et légèreté. Ce morceau deviendra
son « signe de reconnaissance » avec la badinerie de la Suite en si mineur. De 1967 à 1978, il est professeur au conservatoire de Paris succédant à son
maître Raymond Sabarich, il y introduit la petite
trompette (piccolo) pour le répertoire baroque. Il y forme plus de cent
trompettistes, parmi lesquels Bernard Soustrot, Guy Touvron, Éric Aubier, Thierry Caens, Jean-Paul Leroy3 et Pierre Palas,
professeur de cornet-trompette à l'école intercommunale de musique de Saint-Junien (87).
Maurice jouera
avec les plus grands chefs : Jean-François
Paillard (selon ses
propres dires, le chef dont il épousait totalement les options artistiques), Karl Richter, Herbert von Karajan, Karl Münchinger, Riccardo Muti, Jesús López Cobos, Michel Plasson, Charles Mackerras, Karl Böhm, Léonard Bernstein, etc. Toujours
avec simplicité et modestie.
En 1980,
l'émission de Jacques Chancel - Le Grand Échiquier - lui ouvre ses portes et un très large et jeune public
découvre son expression musicale. Le succès de cette émission poussera à
renouveler l'expérience, 8 années plus tard.
Son activité
discographique est impressionnante : il grave plus de 255 enregistrements
dont près de 50 réalisés avec l'orchestre de chambre Jean-François
Paillard.
Malgré une
carrière remplie de succès, Maurice André n'a jamais oublié ses origines
modestes auxquelles il fait référence à chaque concert ou émission de
télévision. Il a notamment enregistré de nombreux airs populaires avec la même
exigence que pour les grands concertos classiques.
Maurice vécut de nombreuses années à Presles-en-Brie où l'école publique porte son nom en son hommage. Il s'est ensuite
retiré à Urrugne, au Pays basque, où il s'adonnait à la sculpture
sur bois entre deux morceaux de trompette. Il a continué à donner des cours de
maître à de jeunes trompettistes prometteurs, tel Rubén Simeó, etc.
En 2003, il est
reconnu par ses pairs comme étant le trompettiste du siècle (XXe siècle).
Après une
carrière intense menée jusqu'au début des années 1990, avec parfois près de 250 dates
programmées dans une même année, Maurice donne son dernier concert le 9 octobre
2008, à la cathédrale Saint-Nazaire de Béziers, à l'âge de soixante-quinze ans.
Il meurt le 25
février 2012, à 78 ans, à l'hôpital de Bayonne.
Le Jeudi 1 mars 2012, Il est inhumé dans le
cimetière de Saint-André Capcéze. Le cimetière de la commune n’ayant plus de
place, on crée un second pour lui dans le jardin du presbytère. Pour respecter
ses dernières volontés, les corps de ses parents (son père Marcel Jean était né
et baptisé à Saint-André Capcéze) et de son fils Lionel seront rapatriés prés
de lui.
Les obsèques religieuses se sont déroulées dans la cathédrale Saint
Jean-Baptiste d’Alès.
L'organiste Marie-Claire Alain et Maurice André au festival Bach de Saint-Donat en 1969.
Maurice André a
considérablement fait évoluer le jeu de la trompette, qui est devenue, grâce à
lui, un instrument virtuose, mais surtout, un instrument mélodique. Bon nombre d'œuvres baroques et classiques, tombées dans l’oubli en raison de leur difficulté
technique (usage presque exclusif des tessitures aiguës) ont été ressuscitées grâce à lui.
Il a réalisé de nombreux enregistrements
notamment avec la célèbre organiste Marie-Claire Alain. Ensemble, ils
réalisèrent de nombreuses tournées à travers toute la France.
Il a travaillé,
en se basant sur un prototype des années 1950, en étroite liaison avec la
célèbre maison Selmer qui fabrique,
sur ses directives, une trompette piccolo en si bémol aiguë à quatre pistons
spécialement adaptée à ce répertoire.
La trompette
connaît, grâce à lui, une popularité nouvelle qui entraîne de nombreux émules
dans son sillage. Il a suscité aussi des partitions nouvelles : concertos de Henri Tomasi, Boris Blacher et Marcel Landowski, Heptade et Arioso
barocco d’André Jolivet, œuvres d’Antoine Tisné, Germaine
Tailleferre et Jean-Claude Éloy. Il commandera
aussi une œuvre à son ami Claude Bolling alliant trio jazz et le soliste classique : Toot suite. Sous son impulsion,
la trompette a retrouvé les lettres de noblesse qu’elle avait acquises au XVIIIe siècle et
l’école française s’est imposée comme la plus importante de la fin du XXe siècle.
Maurice André
participe également de manière importante à la musique de kiosque de style
champêtre, reprenant un vaste répertoire composé notamment au début du XXe siècle,
formé de polkas, marches, scottish et mazurkas populaires,
comme les célèbres Variations
sur le carnaval de Venise, ou des airs populaires, comme Viens Poupoule, C'est l'piston (de Bourvil) ou Le Corso Blanc.
Ouvert à tous
les styles, il interpréta également des musiques viennoises et de films.
En 1979, la
ville de Paris crée le concours de trompette Maurice André, premier des concours
internationaux de la Ville de Paris. En 2006 a eu lieu la sixième édition4 du concours (qui
s'est tenu tous les 3 ans à partir de 1997). Le concours était présidé par
Maurice André, et le jury choisi parmi les meilleurs trompettistes du monde
entier.
Distinctions
et récompenses]
Outre les
dizaines de disques d’or et de platine, Maurice André a reçu de nombreuses
distinctions et récompenses.
§ En 1987, puis encore à trois reprises, les victoires de la musique classique lui sont décernées.
§ En France, il reçoit la Légion d’honneur.
§ En Grande-Bretagne, il est nommé membre honoraire
de la Royal Academy of
Music de Londres. Il figure dans le grand livre parmi
les trois cents plus grands musiciens de tous les temps, au même titre que
Prokofiev, Mendelssohn ou Stravinsky.
§ En 2000, il reçoit la médaille d’or de la Société académique
Arts-Sciences-Lettres5.
§ En 2006, les Américains le proclament officiellement « meilleur
trompettiste du monde » devant Louis Armstrong, Miles Davis et Dizzy Gillespie.
§ Le dimanche 1er juin 2008, en présence de son épouse et de ses enfants, au cours de la
messe d'action de grâce célébrée dans la cathédrale Saint-Jean-Baptiste d'Alès, il reçoit un message du pape Benoit XVI ainsi que la bénédiction apostolique du Saint Père.
§ Dans le monde
entier, des écoles de musique portent son nom.
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