AGELMODE

AGELMODE

co-fondatrice de Langogne vers l'an 1000





Dans la fastueuse reconstitution historique de la fondation de Langogne, qui marqua les fêtes du couronnement de Notre-Dame de Tout Pouvoir par Mgr Bonnet, en 1890, Agelmode (ou Agelmodis) figurait à juste titre : elle était l'épouse du vicomte du Gévaudan, Etienne, à qui la cité doit son existence par monastère interposé.

Aux approches de l'an 1000, la chrétienté n'a pas craint une fin du monde imminente, comme on l'a imaginé... bien plus tard. Mais elle a souffert en 997 du «mal des ardents», «feu caché», qui «consumait les membres et les détachait du corps» (il semble que ce soient les caractères que nous attribuons aujourd'hui à l'ergotisme).

Ce mal frappait des populations sous-alimentées du fait que l'espace agricole cultivé était encore restreint; et pour défricher et cultiver, rien ne vaut un monastère.

C'est pourquoi le vicomte Etienne et son épouse, très pieux, disposant d'une immense fortune et n'ayant pas d'enfant, estimèrent que la fondation d'un monastère permettrait de soulager cette grande misère en Gévaudan... tout en assurant leur bonheur pour l'autre vie.

Il existe un récit romancé de cette fondation qu'on peut lire dans le «Gabalum christianum» de l'abbé Pascal. Etienne et Agelmode font tous deux un même songe qui les engage à construire une église en l'honneur des saints Gervais et Protais. Partis pour Rome le 6 septembre 998, ils sont à Saint-Pierre le 15 octobre, passent la veillée en prière devant l'autel. Au milieu de la nuit, ils s'assoupissent, vaincus par la fatigue, et ont encore le même rêve... Quand ils font part à Grégoire V de leur résolution, le «pape ne peut que l'approuver».

«Moi, Etienne, vicomte du Gévaudan, et mon épouse Agelmode, considérant... le redoutable jugement de Dieu..., désirant nous rendre favorable le Rédempteur au jour du Jugement, choisissons pour héritier N. S. Jésus-Christ...»

Tel est le préambule de cette donation, rédigée à Saint-Pierre de Rome, et faite à «l'illustre martyr saint Théofred», c'est-à-dire à l'abbé de Saint-Chaffre, du Monastier en Velay. Celui-ci s'engage à construire à Langogne «un monastère à Dieu, à N. S. Jésus-Christ», où sera suivie la règle de saint Benoît. Le coeur de cette donation, c'est l'église demeurée toujours à la même place.

N. S. Jésus-Christ ne fut pas légataire universel : Etienne donna une partie seulement de ses biens, avec l'accord de sa famille. L'essentiel de la donation est situé en Gévaudan : le domaine de Langogne («ensemble fermier» ou «Villa comportant 15 fermes, 4 mas et un moulin », plus le Monteil, les Choisinets, le mas Richard; plus la Villa Clarice (10 mas), située sur l'actuelle commune de Grèzes. Le reste des propriétés offertes se situait en Vivarais et en Velay. Les trois évêques de Mende, du Puy et du Viviers ont été consultés.

Le vicomte et son épouse feront un second voyage à Rome en 999 pour faire hommage au nouveau pape, Sylvestre II (l’ancien moine Gerbert, d'Aurillac) de l’église du monastère, nouvellement construite. En 1206, Etienne a un successeur, Pierre, roi d'Aragon, qui confirme la donation.




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